jeudi, janvier 04, 2007

Orhane

Un soupir de soulagement s’échappe de la bouche de la voyageuse lorsqu'elle aperçoit enfin les hautes portes de la citée d'Iron Forge.
L'elfe semble éreintée. De la neige mêlée de boue macule ses chaussures, et ses vêtements élimés ne semblent guère la protéger du froid. Elle est en retard sur les années précédentes et elle a du lutter contre le blizzard hivernal, son visage est pâle et ses traits tirés.
Elle porte en outre un lourd sac sur son épaule et s’aide d’un long et fin bâton pour marcher.
Elle s'arrête quelques instants pour reprendre son souffle devant les portes, la pente y menant étant fort fatigante, surtout après le long voyage qu'elle vient d'effectuer.
L’elfe observe tranquillement les allées et venues des badauds. Il semble que l'entrée de la citée naine ne connaisse jamais le repos.
Nain, humains, gnomes et elfes entrent et sortent sans arrêts, quelques uns d’entre eux passablement éméchés se battent en duels plus ou moins amicaux à grand renfort de cris et de rires tonitruants.
Après ces derniers mois passés sur la calme et sereine île de Teldrassil, l'elfe se sent un peu déboussolée, comme à chaque fois que ces affaires la mène dans la grouillante capitale naine. Elle enfonce un peu plus sa capuche sur ses longues oreilles et se faufile discrètement à travers la foule jusqu’au cœur de la citée. Nul ne remarquera son passage, à peine une vague silhouette entrevue et sitôt oubliée.

La naine semble ne jamais vouloir arrêter de parler faisant surgir un sourire amusé sur le visage de son interlocutrice.

« Allons Dame Orhane asseyez-vous ! Vous voulez manger quelque chose peut être ?! »

La naine pousse un cri ravi en voyant les tissus déborder du sac ouvert posé sur la table et se précipite pour les admirer.

« Vos tissus sont d’excellente qualité comme toujours ! Mais asseyez-vous vous dis-je ! »

Tout en continuant son monologue, la naine prend Orhane par le bras, l’installe devant une longue et basse table en chêne massif et lui apporte un vaste plateau de fromage de montagne ainsi que du pain à l’épaisse croûte dorée et un pichet d’eau fraîche. Dame Ildegäarde ne semble pas s’offusquer du silence de sa visiteuse la regardant manger silencieusement avec affection. Bientôt la maison se remplit d’une foule de monde à tendance fortement naine, venue voir les étoffes. Les nouvelles vont vite et les tissus de Dame Orhane sont réputés depuis bien longtemps. Toute petite déjà Dame Ildegäarde attendait la venue de l’elfe aux tissus multicolores. Assise devant la cheminée, l’elfe sirote une tisane odorante observant les allées et venues, souriant amicalement aux salutations diverses.

Après une dernière étreinte à une Dame Ildegäarde toujours aussi bavard et agitée, Orhane saute sur l’étrange engin reliant Iron Forge et Stormwind par une impressionnante et immense galerie souterraine.
Elle esquisse un sourire lorsque le tramway passe dans un vaste tube de verre épais passant ainsi sous une étendue d’eau peuplée d’étranges créatures. Autrefois elle s’émerveillait à chaque passage, autrefois, quand elle pouvait partager cet instant avec des compagnons mais voici bien longtemps que ses pas sont solitaires et seul le souvenir anime son sourire.
Pourtant c’est d’un pas alerte et le regard tranquille qu’elle saute sur le quai de la capitale humaine se fondant silencieusement dans la foule. Elle traverse rapidement le quartier nain pour déboucher sur les canaux lumineux parcourant la citée.
Les arbres bordant les canaux bourgeonnent déjà, Orhane s’assied un instant sur le bord d’un pont pour goûter aux rayons d’un timide soleil printanier. Elle se lève enfin, les rayons déclinants et se dirige vers l’une des maisons portant une enseigne de tailleur.
Une petite femme rougeaude, une fillette sur ses talons sort à ce moment de l’échoppe, elle regarde l’elfe sans trop y faire attention, occupée à expliquer à l’enfant combien il est important d’avoir du linge bien rangé. Orhane sourit doucement en ôtant sa capuche, le visage de la femme se fend alors d’un large sourire :

« Dame Orhane ! Enfin vous voilà ! On vous attendais plus tôt vous savez ! »