mardi, juillet 10, 2007

La proie de l'ombre : IV

Je suis découverte !
Le diablotin me toise d'un regard mauvais alors que je compulse un gros ouvrage dérobé dans la bibliothèque de son maitre ? Je n'ai jamais vu âme qui vive dans ce manoir sombre depuis que j'y suis... presqu'un an maintenant. Posant l'ouvrage sur la tablette de ma chambre, ma main se pose automatiquement sur ma dague. Le Diablotin sourit méchamment ne doutant pas de sa supériorité sur moi. Quelle erreur, il ne sait combien j'ai progressé dans la voie des ombres depuis que j'ai trouvé un moyen sûr d'atteindre la bibliothèque protégée par de nombreux sortilèges. J'incante rapidement quelques mots à sa grande surprise, il se retrouve incapable de mouvement, suffisamment longtemps pour que je puisse poser ma lame contre sa gorge.
Quelle satisfaction de voir la peur dans son regard. Depuis le temps que j'attends ma vengeance, cette fois il est à ma merci, il ne s'en tirera pas !
Alors que je commence à appuyer ma lame sur sa gorge laissant apparaitre un mince filet de sang verdâtre, le diablotin éclate en sanglot me suppliant de lui laisser sa misérable vie.
Curieusement j'hésite... Cette rage qui m'habite depuis si longtemps semble s'être estompée, ma main tremble sur sa gorge. Profitant de cette faiblesse, le diablotin me propose un pacte. Sa vie liée à la mienne pour me servir...
Etrange pacte en vérité ! Moi qui l'ai servit depuis tout ce temps !
J'hésite encore, ma main se raffermissant sur ma dague. La voix tremblante, le diablotin prononce un serment en langage obscur. Je le relâche incertaine. Il s'empresse de prendre une craie et trace un pentacle sur le plancher puis s'entaille le poignet et enfin me demande de faire de même sur le mien. Nos sangs se mêlent au centre du pentacle alors que nous prononçons le rituel d'une même voix.

Je suis si fatiguée, le serment m'a demandé beaucoup plus d'énergie que je ne pouvais l'imaginer... Abaloz me regarde un rictus mauvais sur les lèvres, ses mains s'agitent en un étrange ballet aérien.
« Jamais je ne te servirais si tu meurs faible créature ! » me hurle t'il de sa voix criarde. Je m'écroule au sol incapable de lutter contre cette étrange torpeur qui me gagne. Je me sens sombrer, mes mains osseuses griffent les planches du sol, j'essaye vainement de me relever, ma tête retombe inerte.

[...]

Où suis-je ? Mon corps flotte dans des ombres denses. Je peux entendre d'étranges voix murmurer des paroles que je ne comprend pas. Des mains spectrales s'agrippent à mon corps décharné comme pour me retenir dans leurs ombres. Malgré moi, je lutte. Pourquoi pas après tout me laisser emporter, quel autre destin que le mien ? Mais ces mains glacées sont insupportables, je me sens hurler, un cri qui me déchire la gorge, un cri qui reste silencieux absorbé par l'ombre dense qui se referme sur moi... Il fait si noir, je suis glacée... Je sens mes dernières bribes de lucidité se dissoudre dans le néant...

[...]

Je me réveille en sursaut, tremblante et fiévreuse. Quelques fragments de cet étrange rêve s'accrochant encore à mon esprit. Je flottais dans les ombres... Mes mains sont glacées. Je grimace essayant de me redresser avant de constater qu'un large bandage taché de sang enserre mon buste. Je retombe sur l'oreiller, une vive douleur me coupant le souffle. Que s'est il passé ?
J'attends que la douleur s'estompe un peu pour essayer de me lever. Un gazouilli d'oiseau mélangé aux habituels bruits de la citée de Reflet d'Argent me parvient par la fenêtre grande ouverte.
Comment suis-je rentrée chez moi ?
Les souvenirs affluent à présent. Une terrible bataille dans la malbrèche ! Notre troupe, dont j'étais la prêtresse s'est faite débordée et massacrée par un large bataillon de goules... Je ne préfère rejeter ces images au fond de mon esprit. Comment suis-je encore en vie ?
La douleur semble s'être un peu atténuée, je me lève tant bien que mal, la sueur perlant sur mon front collant mes cheveux sur mon visage. Je serre les dents pour ne pas hurler et me dirige vers un grand miroir au cadre doré et orné de symboles du soleil. Le miroir me renvoie l'image d'une jeune elfe aux longs cheveux roux, au visage fin rendu livide par la douleur et aux grands yeux verts à la lueur un peu folle. Je sursaute, l'image du corps décharné de mon rêve me revenant à l'esprit. Mes jambes flageolent, je dois me recoucher déjà épuisée par cet effort.

[...]

Je n'y comprend rien, deviendrais je folle ? Depuis cette bataille dans la malbrèche voilà des mois de cela rien ne va plus ! Je ne me sens plus la même. Ma survie est miraculeuse, à tel point que mon entourage me considère avec méfiance, murmurant dans mon dos croyant que je n'entends pas . Malédiction... sorcière... servante du fléau... Personne n'a pu me dire à qui je devais mon sauvetage... Les quelques personnes constituant ma maisonnée sont incapables non plus de me l'apprendre. Ils m'ont juste trouvé le lendemain matin de la bataille dans mon lit inconsciente, la blessure recouverte d'un cataplasme gluant brun.
S'il n'y avait que cela ! Mes pouvoirs de guérisseuse semblent m'avoir abandonnés, j'ai beau me concentrer, prier...
L'ordre des prêtresses de Reflet d'Argent vient de me rejeter. Corrompu ! Selon eux mon esprit est corrompu par les créatures de la malbrèche depuis cette bataille maudite ou tous sauf moi ont périt. J'en pleure de frustration alors que je sors de la citée à grands pas rageurs, une colère glacée s'insinuant dans mon esprit.
Sans y penser sous l'effet de cette colère, une incantation me vient à l'esprit. Je prononce les mots anciens d'une voix forte et claire alors qu'un éclair sombre fuse de mes deux mains éclatant un tronc d'arbre devant moi et me projetant au sol. Je me relève abasourdie fixant le tronc calciné et fumant. Je ris soudain, une incroyable énergie brulant dans mes veines, je me sens si... vivante.

[...]

Ce rêve toujours. Je me réveille glacée et en sueur, je me lève machinalement pour observer le ciel par la fenêtre. Je frissonne songeant à ce rêve, ce corps, mon corps ? décharné sombrant dans des ombres de plus en plus denses agrippé de mains spectrales alors qu'une voie nasillarde semble incanter les paroles d'un rituel... ou d'un pacte ?
Il me faut en savoir plus. Dès l'aube je partirais pour Fossoyeuse, la bibliothèque de Reflet d'Argent ne m'ayant rien appris de très précis en ce qui concernait les ombres et le serment de mon rêve. j'ai le sentiment qu'il me faut partir, la cité de la dame noire m'en apprendra plus j'en suis certaine.

[...]

Eauclaire DeLune... Tel est le nom que je donne machinalement au bibliothécaire de l'apothicarium, depuis quand je me nomme ainsi? Je fronce les sourcils. Ai-je eu un autre nom que celui-ci ?
Le bibliothécaire, un réprouvé, sursaute en me fixant longuement de ses orbites creuses me conseillant de but en blanc de m'adresser à l'odre des démonistes de Fossoyeuse.
Et maintenant...
Je referme d'un coup sec le livre. Serait il possible ? Je nage en pleine confusion.
J'ai retrouvé l'invocation ! Je regarde pensivement le vieil ouvrage aux pages épaisses pages constitués de vieux parchemins racornis. Serait il possible que je sois en mesure de conjurer les démons ? Et toute cette énergie que je sens palpiter en moi depuis... la bataille... les ombres... le pacte... ce pouvoir de l'ombre que je sens grandir... cette voix criarde si familière ! Abaloz ! Je me lève d'un bond manquant de faire tomber la chaise sur laquelle je suis assise. Une froide colère surgit soudain et ma voix forte et claire prononce ces quelques mots en langage démoniaque

Par le pacte lié dans la mort et par le sang !
Abaloz devant moi apparait maintenant !

Une brume sombre semble sortir du sol laissant apparaitre la silhouette du diablotin. Il me regarde abasourdi et apeuré, je savais qu'il me reconnaitrait. Et je peux lire dans son regard alors qu'il secoue la tête comme pour refuser ma présence, que c'est le cas. Je ne peux empêcher sentir un sourire sardonique fleurir sur mes lèvres. Je jubile de voir la peur dans son regard, maintenant le maitre c'est moi, il le sait et il en tremble.
Il me reste maintenant à trouver les réponses...

vendredi, janvier 19, 2007

Une folle nuit !
















mardi, janvier 16, 2007

Sombrelune

Petite ballade en Mulgore pour le plaisir mais aussi pour y trouver la fameuse foire de Sombrelune... et la meilleure bière de tout Azéroth !






jeudi, janvier 04, 2007

Orhane, une vie

La petite elfe au regard pensif et à la chevelure argentée s’ennuie ferme. Ses yeux s’attardent vers la fenêtre et l’extérieur du temple d’Elune. La voix du prêtre semble s’estomper alors que son esprit divague.

Elle voudrait être oiseau pour survoler les montagnes qu’elle peut voir se découper sur la ligne d’horizon.

Elle voudrait être poisson pour s’enfoncer dans le silence des eaux limpides du lac.

Elle voudrait être panthère pour s’enfuir dans la nuit sans un bruit loin des sermons de ses professeurs, loin de ses camarades qui se taisent à son approche trouvant cette elfe étrange et bien trop réservée.

Orhane sursaute alors que le prêtre lui adresse la parole :

« Et bien Orhane, il est temps de quitter le temple !»

Le professeur sourit gentiment devant l’air confus de sa disciple. Perdue dans ses songes, Orhane n’a pas vu le jour décliner et ses camarades sortir du temple. Elle se lève rapidement, esquisse une courbette à l’attention du prêtre toujours souriant et s’empresse de quitter la salle.

[...]

Les lueurs de l’aube commencent à peine à éclairer l’horizon quand une silhouette encapuchonnée quitte l’enceinte du temple dédié à Elune.
Le cœur battant mais un léger sourire sur les lèvres, Orhane se fait aussi discrète que possible.

« Enfin ! » songe-t-elle « à moi la liberté ! »

Sans un regret, la jeune elfe s’enfonce dans la forêt loin des ennuyeux sermons des prêtres d’Elune.

[...]

Les hurlements, le fracas des armes, l’odeur du sang répandu… Orhane hébétée, regarde sans comprendre son bâton rendu poisseux par le sang et le corps de l’homme gisant à terre.
Une petite mais puissante main se pose doucement sur son bras comme pour lui apporter réconfort.

« Merci dame Elfe » chuchote une voix rude et rocailleuse « sans vous nous étions perdu »

Orhane pose un regard perdu sur un nain à la crinière bonde filasse sans répondre. Elle finit par s’agenouiller devant le corps, soulève doucement la tête et pose un baiser sur le front sans vie en murmurant quelques paroles elfiques. Le nain attentif peut apercevoir une unique larme perler sur sa joue pâle.

[...]

Orhane respire à peine époustouflée par son étrange voyage. Accrochée à la rambarde du célèbre Tramway reliant les citées de Hurlevent et Forgefer, la jeune elfe lance des regards émerveillés vers la paroi transparente derrière laquelle apparaît poissons et autres curiosités.
Nonchalamment assis sur la même plate forme qu’elle, un elfe à la sombre chevelure semble franchement amusé par son air ébahit.

« Impressionnant n’est ce pas ? »

Orhane sursaute laissant tomber un énorme sac d’où s’échappent divers tissus colorés. Elle sourit sans répondre et s’affaire à ramasser le fruit de son travail alors que le tramway parvient à destination.
La jeune elfe saute prestement sur le quai s’apprêtant à se fondre dans la foule quand elle peut entendre une voix amusée lui murmurer :

« Allons ma douce amie, vous n’allez pas partir ainsi sans un mot ? »

[...]

Quel brouhaha ! La jeune elfe au teint maladif se glisse dans la taverne bondée semblant chercher quelques connaissances. Elle se glisse sans qu’aucun ne la remarque entre les tablées bruyantes. Son visage s’éclaire d’un sourire alors qu’elle aperçoit enfin ceux qu’elle est venue trouver.

Etrange tablée que celle-ci : deux hommes, quelques nains braillards et un elfe souriant chaleureusement à la dernière arrivée.

« Par ici ma douce ! » s’exclame l’elfe « Cette livraison de tissus s’est elle bien passée ? »

Orhane sourit doucement, acquiesce et prend place au côté de l’elfe qui s’empresse de placer un bras protecteur autour de sa timide compagne.

[...]

« Qu’Elune te guide pour ce dernier voyage mon ami… »

Orhane s’incline une dernière fois sur la dépouille de son petit compagnon.
Le nain rencontré dans sa prime jeunesse n’est plus. Les cheveux et favoris blancs comme neige ont remplacé l’épaisse crinière blonde filasse de son plus vieil ami. C’était il y a si longtemps et cependant ses souvenirs sont vivaces, aussi clair dans son esprit que s’ils avaient eut lieu la veille.
Orhane vient se blottir contre son compagnon pour une fois bien silencieux.

« Son esprit demeure ma douce… crois-tu qu’il ait assez confiance en moi pour te laisser à ma seule protection ? »

Rána ébauche un sourire triste alors que sa compagne éclate en sanglot dans ses bras.

[...]

« Orhane n’ai pas peur… viens… n’ai pas peur des ombres… nous t’attendons… viens… »

L’elfe au teint pâle se réveille en sursaut, le cœur battant, elle inspecte la chambre. A part le feu qui se meurt dans la cheminée en pierre, rien n’est à signaler. A ses côtés, une silhouette emmitouflée sous les draps semble grogner.

« Juste ce rêve… » Songe-t-elle en se levant pour jeter un coup d’œil par la fenêtre. « Toujours ce rêve… ». Elle ne sait plus depuis combien de temps, ces voix étranges peuplent ses nuits, des dizaines d’années au moins. Elle ne paraît cependant pas effrayée, ces voix lui ayant plusieurs fois sauvées la vie en l’avertissant de dangers bien réels.

Elle peut entendre Rána se lever et venir l'enlacer devant la fenêtre alors que le jour commence à éclairer le paysage.

[...]

Quelle est cette douleur ?

Orhane tente d’ouvrir les yeux alors que s’estompe dans son esprit le souvenir d’étranges avertissements. La lumière l’aveugle, une violente douleur semble déchirer ses yeux si pâles.
Un homme entre deux âges sourit doucement à l’elfe alitée.

« Ne faites pas d’effort Dame Orhane je vous en prie… Vous nous avez fait peur vous savez… »

Ses yeux démentent son sourire, l’homme paraît tellement triste et inquiet. Orhane essaye de reprendre ses esprits. Une embuscade, oui bien sûr, elle se souvient. Partit avec quelques compagnons commercer à Baie du Butin, Orhane voyageait avec une caravane marchande qu’une bande de pirate a attaqué.
Son regard s’emplit d’une crainte irraisonnée.

« Rána? »

L’homme secoue la tête d’un air désolé sans pouvoir prononcer une parole. Il ne parvient pas à regarder la convalescente. Orhane semble ne plus pouvoir respirer alors qu’elle réalise que son compagnon a succombé, ses yeux se voilent, les ombres semblent l’emporter…

[...]

Orhane déambule sans but entre les grands arbres d’Orneval. Depuis la disparition de Rána, elle n’a pas prononcé un seul mot. Déjà qu’elle n’a jamais été bavarde songe une naine au visage rougeau. Rognild soupire longuement avant de s’approcher de la pâle elfe depuis trop longtemps silencieuse.

Voici dix ans, jour pour jour, que la couturière a cessé son commerce de tissus à travers le monde. Dix ans qu’elle s’est retirée près des ruines du temple de son enfance. Dix ans qu’aucune parole n’a franchit ses lèvres.

Orhane sourit doucement en apercevant la naine qui l’observe. Elle s’avance vers cette dernière, la prend doucement le bras et l'entraine au bord du lac. Une fois assise, Rognild commence un long monologue…
Au fur et à mesure du discours, l’elfe semble se décomposer, la pâleur de son visage s’accentuant.
Un sanglot déchirant finit enfin par sortir de sa poitrine. La naine enlace maladroitement sa compagne murmurant paroles de réconfort et encouragements.

[...]

Otant sa capuche détrempée, une elfe à la chevelure argentée vient s’assoir devant le feu brulant dans l’âtre de la taverne du port. Tout en s’assurant que ses précieux tissus n’aient pas pris l’humidité dans son sac, elle commande d’une voix douce un léger repas.

L’aubergiste n’en croit pas ses yeux.

« Dame Orhane ?! Est-ce bien vous ? Il y a si longtemps ! »

Poussant devant lui une fragile adolescente d’un air fier, il ajoute :

« Voici ma p’tite dernière, vous vous souv’nez ? Elle était encore dans ses langes à vot’ dernière visite ! »

Orhane sourit et embrasse le front de la jeune fille en murmurant une bénédiction elfique.

[...]

Un petit chat argenté semble trouver cet amas de tissus fort amusant. Surtout ce fil qui s’échappe procurant au chaton une nouvelle activité. Peut être le tissus se déroulera t’il à l’infini.
Une vieille femme pousse des hauts cris en apercevant le chaton enroulé dans un fil qui commence à s’étirer à travers la pièce.

« Files donc vilaine bête !! »

Orhane murmure quelques paroles elfiques à destination du chaton qui en semble fort surpris. Il se décide enfin à sauter dans les bras de l’elfe en ronronnant d’un air mutin.
L’elfe penche la tête comme écoutant d’étranges paroles qu’elle semble seule à entendre.

« Ne laisse pas le vide t’envahir Orhane… écoute les ombres… écoute nous…»

Le petit chat a stoppé net son ronronnement charmeur, les oreilles tendues semblant écouter les ombres lui aussi.
Orhane observe longuement le chaton d’un air songeur. Quelque chose de ténu dans les yeux du chat lui rappelle Rána. Elle soupire, les yeux un instant voilés d’une indicible tristesse avant de s’adresser à son nouveau petit compagnon :

« Il te faut un nom mon petit ami… »

Le chaton se dresse d’un coup et se commence à jouer avec les mèches argentées de l’elfe. Celle-ci ne peut s’empêcher d’éclater de rire.

La vieille femme rendue silencieuse par ce curieux instant, finit par sourire largement. Si elle avait pu penser qu’un chaton redonnerait quelques couleurs à la couturière….

[...]

Une elfe encapuchonnée accompagée d’un petit chat franchit les hautes portes de Forgefer. Le chaton argenté se lance à l’assaut d’une congère, disparaît dans un amas de neige poudreuse d’où il ressort en éternuant.
Orhane esquisse un sourire en observant le chat vexé qui semble vouloir combattre à présent les flocons qui tombent lentement sur les montagnes environnantes.

Orhane apercevant un banc de pierre y dirige ses pas pour s’y reposer un instant loin de la foule de la citée qu’elle vient de quitter.

Et alors que les dernières lueurs du jour disparaissent derrière les pics enneigés, elle penche la tête comme pour écouter d’étranges murmures portés par le vent.

« Ai foi en les ombres Orhane…. »

Orhane

Un soupir de soulagement s’échappe de la bouche de la voyageuse lorsqu'elle aperçoit enfin les hautes portes de la citée d'Iron Forge.
L'elfe semble éreintée. De la neige mêlée de boue macule ses chaussures, et ses vêtements élimés ne semblent guère la protéger du froid. Elle est en retard sur les années précédentes et elle a du lutter contre le blizzard hivernal, son visage est pâle et ses traits tirés.
Elle porte en outre un lourd sac sur son épaule et s’aide d’un long et fin bâton pour marcher.
Elle s'arrête quelques instants pour reprendre son souffle devant les portes, la pente y menant étant fort fatigante, surtout après le long voyage qu'elle vient d'effectuer.
L’elfe observe tranquillement les allées et venues des badauds. Il semble que l'entrée de la citée naine ne connaisse jamais le repos.
Nain, humains, gnomes et elfes entrent et sortent sans arrêts, quelques uns d’entre eux passablement éméchés se battent en duels plus ou moins amicaux à grand renfort de cris et de rires tonitruants.
Après ces derniers mois passés sur la calme et sereine île de Teldrassil, l'elfe se sent un peu déboussolée, comme à chaque fois que ces affaires la mène dans la grouillante capitale naine. Elle enfonce un peu plus sa capuche sur ses longues oreilles et se faufile discrètement à travers la foule jusqu’au cœur de la citée. Nul ne remarquera son passage, à peine une vague silhouette entrevue et sitôt oubliée.

La naine semble ne jamais vouloir arrêter de parler faisant surgir un sourire amusé sur le visage de son interlocutrice.

« Allons Dame Orhane asseyez-vous ! Vous voulez manger quelque chose peut être ?! »

La naine pousse un cri ravi en voyant les tissus déborder du sac ouvert posé sur la table et se précipite pour les admirer.

« Vos tissus sont d’excellente qualité comme toujours ! Mais asseyez-vous vous dis-je ! »

Tout en continuant son monologue, la naine prend Orhane par le bras, l’installe devant une longue et basse table en chêne massif et lui apporte un vaste plateau de fromage de montagne ainsi que du pain à l’épaisse croûte dorée et un pichet d’eau fraîche. Dame Ildegäarde ne semble pas s’offusquer du silence de sa visiteuse la regardant manger silencieusement avec affection. Bientôt la maison se remplit d’une foule de monde à tendance fortement naine, venue voir les étoffes. Les nouvelles vont vite et les tissus de Dame Orhane sont réputés depuis bien longtemps. Toute petite déjà Dame Ildegäarde attendait la venue de l’elfe aux tissus multicolores. Assise devant la cheminée, l’elfe sirote une tisane odorante observant les allées et venues, souriant amicalement aux salutations diverses.

Après une dernière étreinte à une Dame Ildegäarde toujours aussi bavard et agitée, Orhane saute sur l’étrange engin reliant Iron Forge et Stormwind par une impressionnante et immense galerie souterraine.
Elle esquisse un sourire lorsque le tramway passe dans un vaste tube de verre épais passant ainsi sous une étendue d’eau peuplée d’étranges créatures. Autrefois elle s’émerveillait à chaque passage, autrefois, quand elle pouvait partager cet instant avec des compagnons mais voici bien longtemps que ses pas sont solitaires et seul le souvenir anime son sourire.
Pourtant c’est d’un pas alerte et le regard tranquille qu’elle saute sur le quai de la capitale humaine se fondant silencieusement dans la foule. Elle traverse rapidement le quartier nain pour déboucher sur les canaux lumineux parcourant la citée.
Les arbres bordant les canaux bourgeonnent déjà, Orhane s’assied un instant sur le bord d’un pont pour goûter aux rayons d’un timide soleil printanier. Elle se lève enfin, les rayons déclinants et se dirige vers l’une des maisons portant une enseigne de tailleur.
Une petite femme rougeaude, une fillette sur ses talons sort à ce moment de l’échoppe, elle regarde l’elfe sans trop y faire attention, occupée à expliquer à l’enfant combien il est important d’avoir du linge bien rangé. Orhane sourit doucement en ôtant sa capuche, le visage de la femme se fend alors d’un large sourire :

« Dame Orhane ! Enfin vous voilà ! On vous attendais plus tôt vous savez ! »

jeudi, septembre 28, 2006

La complainte du loup...

Sous le soleil je cours
Sous le vent je crie
Sous la pluie je dors

Vers les prairies sans fin je vais
Vers les nuages je tourne mon regard
Vers la terre je dirige mes pleurs
Vers le crépuscule je dirige mes pas

Par delà les collines je cherche le refuge
Par delà les forêts je ressens la solitude
Par delà les villes je redoute la haine
Par delà les chemins je trouve le repos



samedi, juillet 01, 2006

Entre ciel et terre...

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons...

Arthur Rimbaud
(Recueil : Poésies)











mardi, juin 13, 2006

La proie de l'ombre : III

Brill, étrange village non loin d'Under City. Je ne sais pourquoi le diablotin m'a conduit ici, mais j'apprécie de voir autre chose que les murs ternes de la petite chambre que j'ai occupé ces derniers jours. Le voyage pour venir a eut un avantage, celui de me changer les idées au moins pour un temps. Je suis avide de découvrir ces terres. Mon compagnon cornu semble plus bavard que d'habitude, il m'explique en chemin qu'il est temps pour moi de découvrir mon nouveau peuple. Je retiens à grand peine un sourire ironique, je ne me suis jamais sentie appartenir à un peuple durant ma vie, pourquoi serait-ce différent maintenant.

Il semble que les réprouvés de Brill aient quelques tâches à me confier. Voilà qui est parfait ! J'ai hâte de voir ce dont je suis capable. Cette énergie que je sens en moi depuis ma mort, ne fait que croître. Je peux la sentir crépiter au bout de mes doigts. Il me faut apprendre à la dominer, à la domestiquer. Le diablotin me regarde d'un air méfiant. Je sens qu'il ne me fait pas confiance. Peu importe, je n'ai pas confiance en lui non plus. Fait nouveau autant qu'étonnant, ll semble être effrayé. Par quoi ? Par qui ? Par moi ? Il ne devait pas s'attendre à ce que ce pouvoir déferle en moi si vite, mais autre chose le perturbe. Je finirais bien par découvrir quoi. Il est moins vigilant, mon apparente docilité le rend imprudent. Je me garde bien de le contredire, ou de désobéir. Mon ancien maître m'aura quand même apprit quelque chose d'utile : la patience. La patience d'attendre le bon moment pour frapper. Toutes ces années de servilité, d'obéissance passive, à subir sans broncher ses coups, ses assauts, les privations... Je secoue la tête pour en chasser ces souvenirs. Le diablotin ne semble pas avoir remarqué que je ne suivais plus ses instructions, j'essaye de reprendre le fil de son discours.

Enfin ! Je suis seule, enfin je foule librement les plaines de Tirisfal ! Il apparaîtrait qu'un groupe d'humain de la croisade écarlate occupe le nord des terres. Une bonne raison pour tester l'étendue de mon pouvoir. Je suis étonnée que le diablotin m'ait laissé seule si tôt, mais je ne vais pas m'en plaindre. Je suis soulagée de ne plus sentir son regard sarcastique suivre chacun de mes gestes. Je prends mon temps pour me rendre au repaire des écarlates, observant avec attention le sombre paysage. L'ombre partout étend son voile, masquant les couleurs normalement vives de l'été qui s'annonce. La vie n'a plus vraiment ses droits ici, des corps sans vie et sans âme rodent dans le sous-bois s'attaquant à tout ce qui passe. Je les contourne, il me répugne de combattre ces créatures déchues pour le moment. Elles paraissent si semblables à moi... je me sens tellement vide depuis ma mort.

Les créatures déchues se font plus rares. Je ne dois pas être très loin de mon but. L'excitation me gagne, je suis impatiente d'en découdre avec des vivants, peu importe les raisons. Je n'ai pas oublié l'odeur enivrante du sang versé, l'exaltation du combat... pour défendre sa vie ?! J'éclate d'un rire macabre.

Je sens que je suis suivit, une brindille qui craque, je peux presque entendre un cœur qui bat. Une lueur argentée semble s'échapper de mes doigts. Je continue mon chemin, calmement, les poings serrés pour ne pas que la lueur me trahisse, attendre qu'il vienne à moi confiant en sa réussite. Soudain, je sens qu'il est prêt, il s'apprête à bondir. Je me retourne toujours calmement, un rictus haineux se forme sur mes lèvres. Il hésite... dommage pour lui, l'hésitation n'a pas sa place ici. Sans me concentrer, sans même y penser, je tends mon bras pour en faire jaillir une boule d'énergie à la lumière froide. L'homme à l'armure écarlate n'a pas le temps de prendre conscience de ce qu'il lui arrive, il est mort avant même de toucher le sol. Je regarde mon bras, sidérée, mais je n'ai pas le temps de me poser des questions maintenant, j’entends les clameurs d'autres hommes qui approchent. Je ferme les yeux un instant, pour sentir ce pouvoir affluer dans mon être. Quand je les rouvre, un groupe d'écarlates me cerne... et puis le chaos, la violence, les cris, les os brisés, le sang toujours... je laisse enfin libre cours à ma rage contenue depuis trop longtemps. De mes doigts fusent des éclairs meurtriers, faisants mouche à chaque trait. Ma dague n'est pas en reste. Je taille, je tranche, je brise. Je me surprends à rire durant la bataille, d'un rire froid, d'un rire dément.

Les corps gisent à mes pieds, enfin ce qu'il en reste, je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, à les contempler. Je suis couverte de sang, la fin du combat est floue. Ivre de puissance, j'ai perdu contact avec la réalité, je me suis surprise à gouter les chairs de mes victimes, accroupie sur le sol, comme pour m'approprier leurs âmes. Pourtant je n'en ressens aucun dégout, juste une profonde lassitude. Ma tâche est accomplie, je laisse ce qui reste des dépouilles ainsi, à la portée des animaux sauvages, comme avertissement aux vivants.

Le diablotin semble satisfait en me voyant revenir tranquillement à l'auberge de Brill. J'ai apporté quelques symboles de la confrérie écarlate comme preuve de ma réussite aux réprouvés de Brill. Le diablotin n'ignore rien de ma réussite. Il ne me pose pas de questions, me désigne une chambre comme étant la mienne avant de partir je ne sais où. Je me sens étrangement calme, détachée mais pour combien de temps ?

Allongée sur le lit, les yeux fixés sur les lames du plafond, mon esprit s'envole, survole les prairies de Tirisfal et s'éloigne vers le Sud.
Je perds le fil...
Je perds pied...
Il fait si noir dans les ombres...